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Les films X, remède politique à tous les maux
STOCKHOLM (AFP), le 05-09-2002
Une candidate du parti chrétien-démocrate aux prochaines élections législatives suédoises a suggéré jeudi la diffusion en continu de films pornographiques à la télévision tous les samedis afin de stimuler la croissance démographique et, donc, économique.
Mme Teres Kirpikli, conseillère municipale de la ville de Skoevde (sud), estime que la pornographie est le meilleur moyen de doper la vie sexuelle des couples et la natalité.
"Je veux de l'érotisme et de la pornographie à la télévision pendant toute la journée, chaque samedi. Les gens auront alors davantage envie de faire l'amour. Je pense que la plupart des personnes aiment la pornographie, même si elles ne veulent pas l'admettre", a-t-elle expliqué dans un communiqué. "Il n'y a rien de mal à ce qu'un homme et sa femme ou sa partenaire regardent un film pornographique ensemble", a-t-elle ajouté.
Mariée et mère de trois enfants, Mme Kirpikli espère remporter un siège aux élections législatives qui auront lieu le 15 septembre prochain en Suède. Sa proposition n'a cependant pas fait l'unanimité dans les rangs des chrétiens-démocrates.
Ulla-Britt Hagstroem, présidente de la branche féminine de la formation, a notamment immédiatement pris ses distances et réclamé l'interdiction de la pornographie. "C'est son initiative personnelle. (...) Je tiens à découvrir ce qu'elle veut dire exactement et on pourra ensuite discuter et voir ce que préconise le programme de notre parti", a-t-elle commenté.
PARIS, 5 sept (AFP), le 05-09-2002
Le ministre de la Famille Christian Jacob affirme qu'il "faut interdire les films pornographiques à la télévision", dans un entretien à paraître vendredi dans le quotidien Le Parisien/Aujourd'hui en France, selon lequel 64% des Français sont du même avis.
Une question qui divise la droite comme la gauche
(Le Parisien)
VOILÀ encore une question qui transcende les clivages politiques. Le débat sur la diffusion des films X à la télévision avait été lancé dès mars 1999 par la socialiste Ségolène Royal, alors ministre déléguée à
la Famille, à la suite d'un rapport de l'Education nationale sur les violences sexuelles à l'école. «
Il n'est pas normal que Canal + et d'autres chaînes, déclarait-elle à l'époque, continuent de diffuser des images déstructurantes pour les jeunes. »
Une position très proche des déclarations de son successeur Christian Jacob (lire ci-dessus).
L'ex-ministre PS s'appuyait sur une directive européenne de 1989 interdisant aux chaînes de diffuser des films pornographiques.
Un texte appliqué dans certains pays et pas dans d'autres, à l'exemple de la France.
Aillagon fait plancher 38 experts sur le sujet Outre la chaîne cryptée, qui diffuse du X depuis sa création, plusieurs autres chaînes du câble et du satellite étaient visées par ces propos.
Selon un récent comptage établi par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), l'offre globale atteint près d'un millier de diffusions ou rediffusions en France par mois.
Mais Ségolène Royal s'était retrouvée bien seule à l'époque dans son combat, ses amis socialistes et le CSA ayant surtout brillé par leur silence.
Il a fallu attendre le retour de la droite au pouvoir pour que le débat revienne sur la place publique. Début juillet dernier, sous la forme d'un communiqué laconique, le président du CSA, Dominique Baudis, emboîtait tardivement le pas à l'ex-ministre de la Famille, réclamant à son tour l'application de la fameuse directive.
Une simple « recommandation », sans valeur de contrainte et qui, on s'en serait douté, est restée sans effet. Premier concerné, le président de Canal +, Dominique Farrugia, réagissait dans nos colonnes, le 10 juillet dernier, en annonçant que sa chaîne « ne changerait rien à ses programmes ».
A la même période (mais sans déclaration officielle), le nouveau ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, prenait le contre-pied de Dominique Baudis. A ses visiteurs, l'hôte de la Rue de Valois déclarait volontiers, à l'époque, qu'il était opposé à toute forme de censure et qu'une interdiction du porno à la télévision ferait prospérer les réseaux mafieux. Une position pas très éloignée, donc, de celle du patron de Canal +. Ce qui n'a pas empêché le ministre de la Culture de mettre en place, dans la foulée, une commission de 38 experts, présidée par la philosophe Blandine Kriegel, et chargée de plancher sur la question de la pornographie et de la violence au petit écran.
Stéphane Bouchet
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